Texte et photos : Catherine Bernier
L'an dernier, je me suis donné une volée d'eau salée. Déménager en Nouvelle-Écosse au mois de janvier promet de froides sessions de surf hivernal. Vêtue de néoprène, 5/4mm d'épaisseur pour être plus précise, seul mon visage - bien pressé - était à découvert pour laisser transparaître un sourire figé/gelé, mais heureux d'être à l'eau… 6 mois plus tard, après la fin d'un contrat à mon compte, je revenais à Québec avec un soif toujours grandissant de surfer. Au même moment, on m'offrait de prendre part à l'équipe de Plenty Humanwear comme stratégie créative et durable.
Après 2 ans de travail autonome à bouger à gauche et à droite, je suis bien amusée, mais le sentiment d'appartenance à une équipe et l'idée de partager ses idéologies pour faire grandir un mais commun, me manquait. Fébrile, j'ai accepté de plonger dans l'aventure malgré ma crainte de perdre une partie de ma liberté. Rapidement, j'ai compris que je n'avais pas à m'inquiéter. Avec une culture d'entreprise basée sur l'humain, l'inspiration comme moteur de développement personnel et social, la passion pour le snowboard, le surf, le skate et le plein air, je me doutais bien que mes collègues allaient bien me comprendre ! Peu de temps après mes débuts, je partais travailler à distance au Pérou ! Cette fois, avec un léger 3/2mm, pas de Hoodie, pas de bottes, pas de gants, juste assez de néoprène pour les eaux péruviennes dont la température moyenne varie entre 22 à 28°C en février (leur été).
« Let my people go surfing », comme dirait Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia !

Pour l'avoir testé à plusieurs reprises, travailler à distance, n'est pas du tout évident ! Avec l'expérience, je confirme aujourd'hui que la volonté ne suffit pas. Le contexte en est pour beaucoup. Un facteur que mes amis Amy et John, natif de la Nouvelle-Écosse, ont bien saisi. Le couple a récemment fondé Libérer, une « agence » qui se consacre à rassembler les conditions idéales pour surfer et travailler à distance. Eux-mêmes d'avides surfeurs à la recherche d'un équilibre surf-travail, ils assurent un accès à plusieurs surf pauses non achalandés à moins de 2 minutes de son appartement privé et de l'espace de coworking qu'ils ont aménagé. Des cours de yoga, de cuisine péruvienne et d'espagnol, de même que des road trips durant le week-end sont également offerts. Pour avoir parcouru une bonne partie de l'Amérique latine, disons que c'est plutôt rare comme installer.
C'est à Huanchaco, sur la côte nord péruvienne qu'ils ont trouvé l'endroit idéal. La petite ville est reconnue aujourd'hui par les historiens comme étant celle qui a donné naissance au surf. Il ya 5000 ans de cela, les pêcheurs surfaient des « caballito de totora », des embarcations fabriquées en roseaux tressés qu'ils devaient manoeuvrer avec aisance pour pêcher directement près des des spots de surf. La tradition est encore bien présente à Huanchaco, où il est coutume de partager une session de surf avec les pêcheur-surfeurs.
J'ai donc sauté sur l'occasion considérant que le contexte était particulièrement favorable pour assurer un combo surf-travail efficace. Au total, j'ai surfé 20 jours/25. Souvent, en mâtiné, on était seulement 3 à l'eau pour surfer des gauches d'une qualité remarquable. Si comme moi tu es toqué, c'est le paradis ! En marche jusqu'au premier pic, où on surfait une trentaine de minutes, pour ensuite se laisser dériver vers le second pic qu'on surfait une bonne heure et enfin, on finissait notre session au troisième pic, où les vagues sont plus dynamique, avant de commencer nos journées de travail à distance. Difficile de ne pas parler de surf à la pause café ! À l'espace de coworking, je gravitais autour d'entrepreneurs/surfeurs en provenance d'Australie, des É-U., de l'Espagne et de la Corée. Un réseau précieux pour échanger au regard d'enjeux d'affaires, qui malgré nos différences culturelles, se ressemble après tout.
Ma routine péruvienne a également permis de maintenir un équilibre souhaitable. Quand je surfe, je suis naturellement portée à me lever plus tôt pour commencer mes journées, à mieux manger et à m'étirer (yoga). J'ai mangé des fruits frais tous les jours et goûté à de nouveaux spécimens. Avez-vous déjà vu un ganabana, un lucuma ou encore un chirimoya? Pour ma part, je n'en avais aucune idée jusqu'à aujourd'hui ! J'ai aussi bu une tonne d'émollient, un breuvage délectable à l'aloès et aux plantes médicinales et mangé beaucoup trop de picarones : des beignes péruviens à la patate douce et à la citrouille, dont la pâte a été fermentée à la bière noire. C'était mon vice ! S'ajoutant à l'expérience, j'ai amélioré mon niveau d'espagnol, fait un roadtrip à Chicama pour surfer la plus longue gauche au monde. J'ai aussi mangé du sable en testant le sandboard, moi qui pense que ça tournait comme en snowboard...NOT! Je préfère et de loin l'eau et la neige, mais bon, il fallait l'essayer!
Enfin, c'est plutôt réussi comme expérience vacances-travail. Il reste quelques tâches à accomplir sur ma tâche, celles qui ont été troquées par une deuxième session de surf, mais dans l'ensemble, j'ai réussi à accomplir ce que je souhaitais. Maintenant, je suis prête pour la saison S18, avec une tonne d'idées pour Plenty. Il faut dire que ma lecture de voyage : L'Entreprise Responsable, de Yvon Chouinard & Vincent Stanley, m'a aussi beaucoup inspiré à mener un virage plus durable au sein de notre PME. À force de côtoyer le monde sous toutes ses facettes, à surfer sur ses océans, à dévaler ses montagnes et à explorer ses villes, on devient plus sensible aux enjeux sociaux et environnementaux qui touchent l'industrie dans laquelle on a choisi d'évoluer. Certes, nous devrons prendre plus de risques pour créer les changements souhaitables, mais nous sommes prêts et même si nous le serions pas, il doit l'être !
Portraits photographiques : Carlos Antonio Ferrer
Coups de boîtier d'eau : Escopeta Photo
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